Rencontre avec Baptiste Manet : architecte assurément périgourdin et moitié de Sapiens Architectes
Baptiste Manet, co-fondateur de Sapiens Architectes, ne se contente pas de penser et dessiner des bâtiments : il imagine des lieux de vie où l’architecture rime avec bien-être et durabilité. Passionné par les matériaux, les volumes et l’impact de l’habitat sur le quotidien, il jongle entre esthétique et fonctionnalité pour créer des espaces – La Petite Maison Noire et Les Grands Chênes en tête – qui ont du sens. Son credo ? Une architecture intelligente, respectueuse de son environnement et taillée pour l’avenir !
Rencontre avec Baptiste Manet : architecte assurément périgourdin et moitié de Sapiens Architectes
Baptiste, pouvez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous a conduit à l’architecture ?
Baptiste : Je ne suis pas issu d’une famille d’architectes : mes grands-parents maternels étaient agriculteurs et bouchers du côté de mon père, tous originaires de Dordogne. Je n’ai donc pas eu une éducation centrée sur l’architecture en particulier mais je pense que l’environnement dans lequel j’ai grandi m’y a sensibilisé. Je pense aux bâtiments agricoles de mes grands-parents, aux séchoirs à tabac et aux très belles maisons en pierre que l’on peut retrouver dans la région. Toute la richesse patrimoniale, également : les très beaux châteaux de la Vallée de la Vézère. On se rend compte de ces choses-là plus tardivement, lorsque l’on commence à chercher du sens à son parcours.

Un château périgourdin. © Émilie Soler

Yann Legouis & Baptiste Manet. © Gaston Bergeret
Comment est né Sapiens Architectes et quelle est la vision qui guide votre agence ?
Nous sommes deux associés, bientôt trois. J’ai fondé l’agence avec mon ami Yann Legouis, qui s’occupe du bureau de Montpellier. Nous étions ensemble à l’école à Toulouse, nous avons ensuite travaillé dans des agences d’architectes aux cultures et sensibilités similaires. Je travaillais chez Pierre-Louis Faloci et Yann chez Philippe Prost. Les deux ont d’ailleurs tous deux gagné le Grand Prix national de l’architecture !
Après un certain temps, j’ai commencé à développer des projets en Dordogne. Avec Yann, avec qui je suis avant tout très ami, nous nous sommes décidés à lancer notre propre agence en 2018.

Les Grands Chênes.
Vos projets prennent vie loin des grandes métropoles. Était-ce un choix délibéré ou une évolution naturelle ?
Ma vie personnelle est à Paris, j’y vis et notre bureau principal s’y trouve mais nous travaillons partout sauf à Paris ! Enfin, cela est moins vrai maintenant, nous y avons quelques projets. En revanche, nous avons une vraie volonté d’aller à contre-courant d’une métropolisation intense. Nous avons voulu re-territorialiser une architecture qui était devenue hors-sol. Le premier cycle de la production de Sapiens s’est concentré autour de ces questions et dans des milieux ruraux.
Pouvez-vous dire un mot sur le mantra de Sapiens Architectes : « faire mieux avec moins » ?
Ce que l’on cherchait à exprimer à travers cette formule, c’est le fait que nous ne travaillons pas avec de gros budgets, nous concevons les bâtiments avec des artisans locaux… Nous cherchons donc à produire une architecture ultra-lisible et simple dans la définition de ses détails, mais pas simpliste. La prise en compte de ce contexte économico-social nous oblige à réapprendre notre métier et notre manière de dessiner. Cela a influencé la définition de notre langage architectural.
Vous avez imaginé deux maisons de vacances dans le Périgord, Les Grands Chênes et La Petite Maison Noire. Quelle était votre démarche pour penser ces projets ?
C’est une histoire assez drôle : j’ai réalisé Les Grands Chênes pour ma mère, c’était un projet familial. Un bâtiment neuf est venu compléter un ensemble de bâtiments dans lesquels j’ai grandi. Cette forêt de grands chênes dans laquelle s’inscrivent les deux projets, je la connais depuis tout petit ! Nous avons donc tout d’abord conçu Les Grands Chênes.
Un jour, François et Céline, les propriétaires de La Petite Maison Noire, sont venus en vacances en Dordogne et ont vu Les Grands Chênes depuis le village, d’où la bâtisse est visible l’hiver quand les arbres perdent leurs feuilles. Ils ont toqué à la porte et sont tombés sur ma grand-mère, qui s’est empressée de leur dire que sa fille et son petit-fils étaient derrière ce projet. C’est une sorte d’alignement des planètes qui s’est opéré, comme dit François.
Il y a des similitudes entre les deux projets : le même bois, la même trame structurelle par exemple. En revanche, les typologies de bâtiments ne sont pas les mêmes. Les Grands Chênes sont plus inspirés des longères tandis que La Petite Maison Noire évoque les séchoirs à tabac.

La Petite Maison Noire nichée dans une forêt de chênes.

La pièce de vie des Grands Chênes.
Comment avez-vous intégré à la conception le fait que les maisons allaient être dédiées à la location ?
Nous avons pensé Les Grands Chênes comme une vraie maison de famille. La Petite Maison Noire a été conçue pour les propriétaires, qui leur plaît autant qu’aux hôtes qui y séjournent.
Les deux bâtiments ont en commun d’être en connexion directe avec la nature. Ce ne sont pas des maisons qui ont été pensées comme des outils économiques mais comme de vraies maisons à vivre.
Quels sont les projets ou ambitions pour Sapiens Architectes dans les années à venir ?
Nous travaillons sur un projet de livre qui parle de la position médiane de l’architecte entre le bas et le haut de la société, entre les concepts et les percepts. Pour l’illustrer, nous avons travaillé avec des photographes qui mènent un projet depuis le premier jour de Sapiens Architectes. Ils travaillent à une recension de tous les bâtiments du patrimoine ordinaire, notamment agricoles.
Nous travaillons par ailleurs sur des projets de maisons individuelles, nous rénovons – toujours en Dordogne – une maison d’assistantes maternelles. Nous avons également un projet patrimonial, un centre d’interprétation situé à côté d’une abbaye cistercienne en Corrèze et une fondation d’art dans une ancienne maison forte dans le Loiret. Des projets variés !

Partout autour de La Petite Maison Noire, les arbres.

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